Grève de la faim des prisonniers palestiniens en Israël : qui a gagné?

La grève de la faim suivie par 1600 à 2000 prisonniers  palestiniens détenus en Israël a pris fin ce lundi 14 mai.

Les représentants des 4700 détenus palestiniens ont signé un accord avec l'Administration pénitentiaire israélienne. En voici les principaux points :

1° Les 308 "détenus administratifs" seront libérés à l'issue de leur période de détention actuelle. Cela signifie par exemple que Thaer Halahla, qui a refusé de s'alimenter durant 77 jours, sortira de prison le 5 juin prochain. Pour Bilal Diab (77 jours également), ce sera au mois d'août. En acceptant cette mesure, Israël n'a pas pour autant abrogé la détention administrative, ce dispositif qui permet l'incarcération d'un suspect sans jugement ni inculpation, pour une période de 6 mois renouvelables indéfiniment.

2° Les détenus actuellement placés à l'isolement vont pouvoir rejoindre les autres prisonniers. Cela concerne 19 personnes, certaines placées à l'isolement depuis plusieurs années.

3° Les prisonniers palestiniens originaires de Gaza pourront recevoir des visites de leur famille proche. Depuis la prise de contrôle de l'enclave par le  Hamas en 2007, les familles gazaouies n'étaient plus autorisées à quitter le territoire pour de telles visites.

4° Les prisonniers vont de nouveau pouvoir bénéficier d'un certain nombre d'aménagements qui leur avaient été retirés par Israël, en représaille à la captivité de Gilad Shalit dans la Bande de Gaza. Il s'agit principalement de la possibilité d'étudier derrière les barreaux. L'Etat hébreu n'avait pas rétabli cette mesure après la libération du soldat israélien en octobre 2011.

5° En échange, les détenus palestiniens s'engagent à ne mener aucune activité de soutien au terrorisme depuis leur cellule.

L'association palestinienne Addameer qui soutient les détenus palestiniens salue ces avancées mais s'inquiète de l'application réelle de ces mesures, estimant qu'Israël "a toujours failli au respect de ses engagements".

Satisfaction également de l'organisation israélienne de Défense des Droits de l'Homme Physicians for Human Rights qui se réjouit d'un accord ayant permis de sauver des vies. Dans un communiqué, PHR affirme : "les détenus palestiniens ont prouvé qu'une lutte juste et non-violente pouvait déboucher sur des avancées substantielles et attirer l'attention du monde entier". L'organisation estime toutefois que la détention administrative est "un abus". Et que cette question "doit être résolue".

L'accord a été annoncé lundi 14 mai en fin de journée, veille de la commémoration de la Nakba pour les palestiniens. Pour Israël était-il urgent de conclure avant le 15 mai, afin d'éviter d'éventuelles violences ce jour-là? Ce qui est sûr, c'est que le décès d'un gréviste de la faim aurait pu susciter un mouvement de colère aux conséquences incertaines  "Des images montrant des prisonniers morts nuiraient à l'image d'Israël, écrit l'éditorialiste Yoaz Hendel dans le quotidien israélien Yediot Aharonot qui ajoute aussitôt : si l'Etat d'Israël recule sans cesse par peur d'images déplaisantes alors il reculera toujours".

De jeunes militants palestiniens rencontrés ces derniers jours à Ramallah exprimaient une certaine amertume. "fallait-il s'arrêter maintenant? s'interrogeait une jeune femme rencontrée lors d'une manifestation commémorant la Nakba, peut-être qu'avec une seule semaine de plus ils auraient obtenu la fin de la détention administrative?".

Autre grief entendu : pour certains Palestiniens, l'accord ne permet pas seulement à Israël et à l'Autorité palestinienne d'éviter une vague de colère, il peut aussi être "vendu" par les deux camps comme un geste de bonne volonté permettant d'avancer vers la reprise des discussions. Un scénario rejetté par nombre de Palestiniens qui ne veulent pas entendre parler de retour aux négociations sans arrête de la colonisation. Et qui redoutent l'instrumentalisation de la lutte des prisonniers.

 

 

 

 

1 Comments

Bonjour,C'est impressionnant comme ces mliliers de pages de rapports et de preuves visuelles de l'e9touffement progressif des palestiniens restent de l'encre sur des feuilles comme ils diraient eux-meames. Cartes anime9es de la Cisjordanie qui point apre8s point se remplissent de nouveaux postes avance9s ou checkpoints, diagrammes de la Banque mondiale, tous les indicateurs montrent comment disparaissent les chances d'une re9solution du conflit. Et pourtant on s'accroche e0 ces feuilles comme si, sous le poids de notre inutilite9, elle ne se de9tacheraient jamais de l'arbre de la justice. Il faudrait pouvoir sortir de cette logique de rapports chiffre9s et d'indicateurs pour trouver d'autres solutions, car nous sommes le0 en train de perpe9trer un syste8me qui ne marche pas. Bien e0 vous, b.

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