Israël : est-il possible d'expulser les demandeurs d'asile africains?

La manifestation accompagnée de violences et de slogans racistes du mardi 22 mai à Tel Aviv à relancé le débat sur la situation des dizaines de milliers de migrants africains entrés illégalement en Israël ces dernières années.

Rappelons qu'environ 60.000 personnes ont franchi à pied la frontière avec le Sinai égyptien depuis 2006. Et que ces migrants sont essentiellement des ressortissants soudanais et érythréens.

Quelle est la situation légale de ces personnes en Israël?

Soudanais et Erythréens bénéficient d'une "protection collective" reconnue par l'ONU, au regard de la situation dans leurs pays respectifs. En Israël, ils deviennent donc systématiquement des demandeurs d'asile. Mais depuis le début de cette vaste vague d'immigration dans les années 2006-2007, l'Etat hébreu n'a pratiquement jamais accordé le statut de réfugié à ceux qui en ont fait la demande. 

Les demandeurs d'asile n'ont pas le droit de travailler. Ce qui les confine dans un statut de grande pauvreté. A moins qu'ils ne travaillent illégalement, pour des employeurs peu scrupuleux.

L'Etat hébreu peut-il expulser certains de ces migrants?

C'est l'option que semblent désormais évoquer les dirigeants israéliens, à commencer par le Premier Ministre Netanyahou et le Ministre de l'Intérieur Elie Yishai. 

 Pourtant ces déclarations seront difficiles à mettre en pratique :

- la majorité des migrants sont des Érythréens, pays peu respectueux des Droits de l'Homme, où l'opposition est muselée et où sont régulièrement recensés des cas de torture. En expulsant des ressortissants érythréens vers leur pays d'origine, Israël prendrait le risque d'exposer ces personnes à des persécutions. Selon l'Association Israélienne des Droits Civiques (ACRI) la Lybie et Malte ont renvoyé des Érythréens dans leur pays ces dernières années. Et il s'est avéré par la suite que ces personnes ont été emprisonnées ou torturées.

- Difficile également pour Israël d'expulser des ressortissants soudanais. L'État hébreu n'entretient acune relation diplomatique avec Khartoum.

- Situation inverse avec le Sud-Soudan, pays avec lequel Israël a noué des liens diplomatiques dès son accession à l'indépendance en 2011. À supposer que l'État hébreu choisisse d'expulser des ressortissants d'un pays ami, cela ne concernerait que 800 personnes environ (source : ACRI) soit une infime fraction de la population des demandeurs d'asile en Israël.

Quelles autres solutions?

Israël construit actuellement une clôture de sécurité de plus de 200 km à sa frontière sud (avec l'Egypte). Elle a pour double objectif de freiner l'immigration clandestine et d'empêcher les infiltrations de terroristes venus du Sinaï egyptien. On peut s'interroger sur l'efficacité d'un tel dissositif qui - par ailleurs - ne règle aucunement le cas des dizaines de milliers de personnes qui ont déjà pénétré en territoire israélien.

Autre chantier en cours : un vaste centre de rétention où seraient admis les migrants entrés clandestinement en Israël. Avec 12.000 places prévues (chiffre avancé par l'ONG israélienne Physicians for Human Rights), on reste bien en deça de l'ampleur du phénomène auquel est actuellement confronté Israël.

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