29 janv. 2013 - 16:01
Sur le film, on distingue au fond le moulin du quartier de Yemin Moshe. Puis en prenant de la vitesse, le train laisse derrière lui la gare de Jérusalem, que nous avons déjà évoquée ici.
L'historien Vincent Lemire consacre tout un passage de son remarquable ouvrage "Jérusalem 1900. La Ville sainte à l'âge des possibles" à ce film. Il estime que cette séquence est probablement le premier travelling-arrière de l'histoire du cinéma.
Dans le même ouvrage, l'auteur évoque l'inauguration de la gare de Jérusalem en septembre 1892. Vincent Lemire cite l'article publié quelques semaines plus tard par le magazine La Terre Sainte (qui existe toujours) :
"La garde est pavoisée de centaines de drapeaux turcs et français [...]. Le train, couvert de drapeaux, de palmes, de draperies, est prêt à partir. À dix heures, arrivée du délégué du sultan, des gouverneurs de Jérusalem et de Jaffa, de tous les membres de la Commission de Turquie et de Constantinople, et d'un prêtre musulman portant le turban vert [...]. Selon le rite musulman, on traîne sur la voie trois moutons aux cornes dorées, deux blancs et un noir. L'Imam et les autortés se rangent autour. Les soldats présentent les armes; l'Imam fait la prière à haute voix puis la musique joue, coupée de trois hourras formidables lancés par les soldats, pendant que les trois moutons, couchés sur les rails, la gorge coupée, ensanglantent la voie [...]. Tout cela est fort bien. Nous regrettons seulement, pour notre part, que la Compagnie qui a construit ce chemin de fer avec des capitaux chrétiens se soit contentée de ce simulacre de bénédiction musulmane avec le sang des moutons : un peu d'eau bénite n'aurait pas nui, au contraire".
(Merci à Vincent Lemire, ainsi qu'à Marie-Armelle Beaulieu et à Nicolas Rosenbaum qui ont successivement alerté l'auteur de ce blog sur l'existence du film des Frères Lumière).
3 Comments
@Misterclairvoyant...
...vous dites que tout n'est que ruine, du temps de vespasien : pas clairvoyant du tout : il s'agit des abords diretcs d'une voie ferrée qui vient d'etre terminée. Il est donc normal qu'on ne voit que des ruines sur ce petit film
Merci Nicolas Falez, de penser à nous tous, je suis content que le petit magazine La Terre Sante exista encore de nos jours. Cela prouve que la Palestine n'existait pas encore, était bien "la Terre Sante des Chrétiens. Mais le coté triste, est que que malgré le nombre importants de Juifs, ils ne comptent que "pour du beurre" car le partage des pouvoirs étaient dans les mains des ottomans et des potentats chrétiens.
Je vous signale cela, car à force d'ignorer ou de mépriser les juifs, ils ont su se faire une place et ramener les autres qui ne sont que par le hasard de l'histoire le "locataires" de Jérusalem en l'absence des vrais propriétaires, les juifs. Je vous dis cela, et je ne suis pas juif, mais chrétien, très critique envers l'arrogance des autres prétendus propriétaires de la Terre Sante ou de la Palestine, volée aux juifs plusieurs fois, injustement. Car Rome est la ville sacrée des Chrétiens, la Mecque la ville sacrée de l'Islam, et Jérusalem la ville sacrée des juifs. point
Il est très intéressant de voir que Jérusalem que malgré la fête des drapeaux et qui sacrifie les 3 moutons en public. Les abords de Jérusalem sont quasiment dans l'état des ruines du temps de Vespasien. Les chrétiens obligés des autorités ottomanes, fournissant le financement et la symbolique des 3 moutons: 2 blancs et 1 noir. Qui est censé de représenter le mouton noir, parmi les trois identités qui revendiquaient Jérusalem et au-delà, la Terre Sainte? Car il ne faut pas oublier qu'à cette époque, les juifs étaient déjà majoritaires à Jérusalem.
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