Le chercheur Jean-Pierre Filiu*, spécialiste d'Al Qaida, nous rappelle ainsi que la mouvance d'Oussama Ben Laden et celle des Frères Musulmans ont des conceptions très différentes du Jihad. Les seconds ayant par exemple renoncé au renversement des régimes musulmans jugés impies, ce que prône au contraire Al Qaida.

En 2006, les dirigeants d'Al Qaida ont très vivement critiqué le Hamas qui avait choisi de jouer le jeu électoral en présentant pour la première fois des candidats aux législatives.

Par la suite, lorsque le Hamas a pris le contrôle de la Bande de Gaza en juin 2007, Al Qaida a appelé les islamistes palestiniens à proclamer un "émirat islamique" dans l'enclave palestinienne. Ce que le Hamas n'a jamais fait.

Parallèlement, Al Qaida n'a pas réussi à s'implanter sérieusement dans les Territoires palestiniens. Des groupes salafistes jihadistes ont pu exprimer leur proximité idéologique avec la mouvance Ben Laden mais sans jamais avoir été adoubés par Al Qaida, sur le modèle d'AQMI (l'ex Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat devenu Al Qaida au Maghreb Islamique en 2007).

Et le Hamas n'hésite pas à user de la force lorsque l'un de ces groupuscules le défie dans son fief de Gaza. Dernier exemple en date : le raid qui a coûté la vie à la plupart des auteurs de l'enlèvement et du meurtre de Vittorio Arrigoni, ce militant pro-palestinien italien retrouvé mort en avril 2011 à Gaza. Il avait été kidnappé par un groupe salafiste radical, exigeant la libération de son chef, détenu dans une prison du Hamas

*Jean-Pierre Filiu a signé, entre-autres, Les Neuf Vies d'Al-Qaida (Fayard 2009), ainsi qu'un passionnant Mitterrand et la Palestine (Fayard 2005).