Où l'on reparle de la réconciliation palestinienne...

Dans quelques jours, le Président palestinien (et chef du Fatah) Mahmoud Abbas rencontrera au Caire le chef du Bureau politique du Hamas Khaled Mechaal.

Les deux hommes ont l'intention de réactiver le processus de réconciliation entre les deux factions palestiniennes, lancé en mai dernier. L'accord signé au Caire est resté inappliqué : le gouvernement de technocrates (ni Hamas, ni Fatah mais approuvés par les 2 camps) envisagé n'a jamais été formé, faute de consensus sur le choix du Premier ministre. 

Qu'est-ce qui a changé depuis? La réconciliation gelée au printemps peut-elle porter ses fruits à l'approche de l'hiver?

Le Premier Ministre Salam Fayyad se dit prêt à céder sa place pour permettre la réconciliation et la formation du gouvernement. Il l'avait déjà dit au printemps... s'effacera-t-il cette fois au profit d'une personnalité acceptable pour le Hamas (qui ne veut pas entendre parler de Salam Fayyad à la tête du gouvernement)?

2° Mahmoud Abbas a replacé la cause palestinienne sur le devant de la scène internationale en septembre dernier, en demandant au Conseil de Sécurité d'admettre la Palestine comme état membre à part entière de l'ONU. L'enthousiasme relatif soulevé par cette démarche s'est rapidement heurté à la réalité politique : les Palestiniens n'ont pas réussi à réunir les indispensables 9 voix (sur 15) au Conseil de Sécurité pour faire valider leur demande... En revanche, la Palestine est devenue membre à part entière de l'UNESCO. Et elle peut encore opter pour une reconnaissance comme "état non-membre de l'ONU", en passant devant l'Assemblée Générale. Ce processus diplomatique n'étant pas achevé, difficile de dire à ce stade s'il renforce ou affaiblit le camp de Mahmoud Abbas dans le cadre de son dialogue avec le Hamas.

3° Le Hamas, lui a semblé marquer un point avec l'accord permettant la libération de Gilad Shalit en échange de 1027 prisonniers palestiniens, détenus en Israël. Le mouvement islamiste a pu faire la démonstration de l'efficacité de sa stratégie (la "résistance") qu'il oppose à celle de l'Autorité Palestinienne (la négociation hier, la démarche onusienne aujourd'hui). Reste que le Hamas est toujours isolé dans son fief de Gaza, où il tente d'imposer le calme aux autres formations radicales palestiniennes (Jihad Islamique en tête). Tout en célébrant le retour des prisonniers et en vantant les mérites de la prise d'otage, le Hamas de 2011 ne semble pas prêt à assumer une nouvelle intervention israélienne, comme celle de l'hiver 2008-2009.

4° Enfin, en toile de fond de cette "réconciliation Acte II", il y a le Printemps arabe qui se poursuit et sur lequel chacune des deux grandes factions palestiniennes rivales tente de surfer. Pour le Hamas, les temps sont incertains : le parrain syrien est dans la tourmente et le régime de Bachar El Assad est désormais honni par l'opinion arabe sunnite. Mais dans le même temps, le Hamas attend beaucoup des échéances à venir, particulièrement en Egypte où les Frères Musulmans (mouvance dont le Hamas est issu) pourraient accéder au pouvoir, quelques mois après la victoire des islamistes d'Ennahda en Tunisie.

Sur cet échiquier complexe, Hamas et Fatah peuvent donner le vrai coup d'envoi à leur réconciliation... où offrir une nouvelle poignée de mains sans lendemain. L'accord de réconciliation signé en mai dernier prévoit des élections en Cisjordanie et à Gaza dans un intervalle d'un an.

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