11 déc. 2012 - 10:27
Il y a les discours prononcés du haut des tribunes. Comme celui de Khaled Mechaal, chef du Bureau politique du Hamas, venu pour la première fois à Gaza ce samedi 8 décembre 2012 pour y clamer que la Palestine qu'il revendique s'étend "de la rivière à la mer", c'est à dire du Jourdain à la Méditerranée. Traduction : pas de place pour Israël. Le chef en exil du Hamas a prononcé ces mots après être entré sur scène par une porte aménagée dans l'immense réplique de roquette qui décorait l'estrade. Et il s'exprimait devant la population de Gaza qui sortait tout juste des 8 jours de l'opération israélienne "Pilier de Défense" (174 victimes palestiniennes, 6 victimes israéliennes). Devant l'océan des drapeaux verts du Hamas, pas question pour Khaled Mechaal d'évoquer un compromis sur les frontières de 1967, ce qu'il a pourtant déja fait dans le passé.
Quelques jours plus tard à Jérusalem, une autre tribune, cette fois c'est Benyamine Netanyahou qui s'adresse à la presse étrangère. "Le chef du Hamas a ouvertement appelé à la destruction d'Israël, lance le Premier Minsitre israélien, qui feint ensuite de s'interroger : où étaient les réactions indignées? Où étaient les résolutions de l'ONU? Où était le Président Abbas?".
Chacun campe sur des positions irréconciliables mais le paradoxe de la situation c'est que le Hamas et Israël discutent. En 2011, c'est bien un accord sous médiation égyptienne et allemande qui a permis la libération de Gilad Shalit en échange d'un millier de détenus palestiniens. Et ces dernières semaines, c'est aussi un accord qui a permis d'établir un cessez-le-feu entre Israël et les groupes armés de Gaza, là encore grâce à une médiation égyptienne.
La presse israélienne a par ailleurs révélé que le chef de la Branche armée du Hamas, Ahmed Jabari, a été assassiné dans un raid israélien au premier jour de l'opération "Pilier de Défense"... alors que celui-ci finalisait les paramètres d'une trêve de longue durée avec l'État hébreu.
Israël a donc déjà intégré le fait que le Hamas est un acteur incontournable. Ni les années les plus dures du blocus israélien de la Bande de Gaza (2007-2010), ni les opérations militaires "Plomb Durci" (2008-2009) et "Pilier de Défense"(2012) n'ont permis de faire chuter le mouvement islamiste qui contrôle la Bande de Gaza depuis juin 2007.
Le Hamas s'est cramponné à son fief de Gaza. Et les révolutions arabes lui ont offert un soutien régional nouveau qui s'est exprimé durant "Pilier de Défense" puisqu'on a vu se succéder à Gaza le Premier Ministre égyptien et les Ministres des Affaires Étrangères tunisien et turc. Quelques semaines avant le conflit, c'est l'Émir du Qatar qui effectuait une visite remarquée dans l'enclave palestinienne.
Le pari israélien de l'affaiblissement du Hamas est un échec. Les deux protagonistes sont donc condamnés à la négociation, même indirecte. Et le grand perdant s'appelle Mahmoud Abbas, héritier d'un Processus de Paix vieux de bientôt vingt ans et qui n'a toujours pas permis l'avènement d'un état palestinien souverain. Mahmoud Abbas que Benyamine Netanyahou continue d'affaiblir en accélérant la colonisation... ce qui irrémédiablement contribue à renforcer le Hamas, en faisant la démonstration que la stratégie de "résistance" du mouvement islamiste est la seule qui donne des résultats.
1 Comments
Votre "grille de lecture" est trop occidentale. On voit simplement la poursuite de la politique du salami de feu Arafat : ce que je n'obtiens pas par la diplomatie, je le prends par le terrorisme. Arafat faisait les 2, là ils ont dédoublé en accord ou pas, les 2 démarches : Abbas va au plus loin avec l'arme diplo, et hamas, poursuit la guerre. Quant à bibi, il poursuit la vision de Sharon : couper en 2 l'AP pour éloigner l'établissement d'etat palestinien...
Parce qu'en fait si abbas voulait trouver un accord avec Israel, ça se ferait ;
Si ISRAEL voulait vraiment se debarasser du ahmas, il s'y prendrait autrement ...
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