Départ J-11 : les hauts et les bas du Hamas

Le mouvement islamiste palestinien Hamas est l'un des objets politiques les plus fascinants à observer. Quel contraste si l'on compare sa situation à l'automne 2012 et celle d'aujourd'hui :

Fin 2012 :

- le Hamas pouvait se prévaloir d'une "victoire militaire" sur Israël, à l'issue de l'opération "Pillier de Défense", lancée par l'armée de l'État hébreu, au mois de novembre. Les groupes armés de Gaza ont tiré des roquettes d'une portée inédite sur Tel Aviv et la région de Jérusalem. Et l'accord de fin de conflit prévoyait une série d'allègement du blocus imposé par Israël à la Bande de Gaza. Dans la foulée, en décembre 2012, le chef du Hamas Khaled Mechaal pouvait effectuer sa première visite à Gaza.

- Quelques semaines auparavant, le Hamas avait reçu un hôte de marque : l'Émir du Qatar en personne. Soutien politique mais aussi financier, l'émirat annonçant une aide de 400 millions de dollars pour des projets à Gaza.

- En Égypte, pays partageant une frontière avec la Bande de Gaza, les Frères Musulmans venaient d'arriver au pouvoir. Un changement porteur d'espoir pour le Hamas, qui contrôle la Bande de Gaza depuis juin 2007. Le Hamas est lui-même issu de la mouvance des Frères Musulmans.

- Sur le front syien, le Hamas semblait avoir senti le sens de l'Histoire, rompant son alliance historique avec le régime de Bachar El Assad et soutenant désormais explicitement la rébellion syrienne. Un choix qui aussi éloigné le mouvement islamiste palestinien de l'Iran, même si les ponts ne sont pas rompus.

Moins d'un an plus tard, changement de décor :

- Le Hamas a rompu avec son parrain syrien mais il a aussi "perdu" Mohammed Morsi et les Frères Musulmans égyptiens, chassé du pouvoir par la rue et l'armée. Et le Hamas est montré du doigt par la justice égyptienne, qui accuse le mouvement palestinien d'avoir semé le trouble ces dernières années sur le sol égyptien.

- L'Émir du Qatar a passé la main et on peut s'interroger sur l'implication du nouveau souverain sur la scène régionale.

- L'Autorité Palestinienne, rivale du Hamas, vient d'obenir la promesse de libération d'une centaine de prisonniers palestiniens et arabes-israéliens détenus depuis plus de 20 ans. En 2011, c'est le Hamas qui avait arraché un millier de libérations de détenus à Israël, en échange de Gilad Shalit retenu pendant 5 ans à Gaza.

... Retour donc à la case "isolement" pour le Hamas. On voit mal par ailleurs la réconciliation palestinienne progresser au moment où l'Autorité Palestinienne reprend le dialogue avec Israël.

Cela dit, le Hamas a démontré dans le passé sa capacité à se maintenir à flot dans un contexte difficile, en attendant des jours meilleurs.

 

 

0 Comments

Poster un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ ne sera pas montré publiquement.
CAPTCHA
Cette question vous est posée pour vérifier si vous êtes un humain et non un robot et ainsi prévenir le spam automatique.