Israël

Totems et fantômes 2

Derrière un rideau clair, une pièce blanche et nue. Au centre, un lit d’hôpital flanqué d’une perche à laquelle est suspendue la poche de liquide transparent d’une perfusion. Sur le lit : Ariel Sharon. Les yeux mi-clos, vêtu d’une veste de pyjama bleu, la couverture remontée sur la poitrine, l’ancien Premier ministre israélien, plongé dans le coma depuis 2006 respire paisiblement. Nous sommes à la galerie d’art contemporain Kishon, dans le centre de Tel Aviv. Cette reconstitution hyper-réaliste (respiration comprise) est l’œuvre de l’artiste israélien Noam Braslavsky. Une réflexion sur le pouvoir (la figure d’Ariel Sharon), la disparition et l’absence (sa brusque plongée dans le coma en 2006 alors qu’il était en fonction), la vie et la mort (Ariel Sharon stationnant entre les deux depuis presque cinq ans).

Totems et fantômes 1

Un samedi soir de fin-octobre à Tel Aviv. Ils sont 30.000 massés sur la place qui, depuis 15 ans, porte le nom d’Yitzhak Rabin. Face à la scène et à l’écran géant, la foule écoute le discours que l’ancien Premier ministre prononça ici-même le 4 novembre 1995, juste avant d’être assassiné par un extrémiste israélien.
Puis ce sont les hommages, lus ou chantés. Le « peuple de gauche » israélien se rassemble et se souvient. Nombre de jeunes ont fait le déplacement, beaucoup ne devaient pas avoir 10 ans, lors de cette terrible soirée.
Cette année en Israël, on a beaucoup débattu de Rabin et de l’image qu’il laisse: était-il vraiment la colombe et le grand leader de gauche sous le portrait duquel se réunit chaque année le « camp de la paix » ?